Moulis, un destin viticole original

Moulis en 1707Tandis que la légende des grandes appellations du Médoc se forge sous l’Ancien Régime puis brille au Second Empire, le destin viticole de Moulis ressemble à celui d’une belle endormie. L’heure de son réveil sonnera avec le sifflement des locomotives et le développement du réseau routier. Durant la IIIe République le renom des vins de Moulis ne fera que s’affirmer, même pendant le déclin des vins de Bordeaux durant l’Entre-deux-guerres. Malgré ces circonstances défavorables, la constance dans la qualité des vins de Moulis sera récompensée, en pleine crise, par la naissance de L’A.O.C Moulis. « Molinis la médiévale » viendra alors rejoindre le cercle fermé des grandes communes viticoles du Médoc.

 

 

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Au début du XVIIIe siècle, avec la « Mode de Boissons », le nouveau mode de consommation des vins permet de valoriser les vins du Médoc et, par voie de conséquence, de développer ses vignobles. Alors, la grande vogue pour les vins de palus, héritage médiéval, s’éclipse tandis que le goût dominant des vins de Bordeaux se tourne définitivement vers les vins de graves, de bonne garde, fins et élégants. Durant cette période, appelée en son temps la Fureur de planter, l’aristocratie bordelaise se lance dans le défrichement des terres de graves occupées auparavant par la lande inculte. Moulis prend son envol dans ce sillage qui porte les vignes des grandes appellations du Médoc à un niveau encore jamais atteint. Cependant, les vignobles moulissois restent centrés sur les foyers viticoles antérieurs, le plus souvent d’origine médiévale comme aux Grand et Petit Poujeaux. A la fin de ce siècle, la monoculture de la vigne n’est pas encore de mise, cependant les premiers noms de crus commencent à émerger du tout-venant des vins de paroisse. Ces premiers crus historiques marqueront de leur empreinte l’histoire de ce vignoble encore discret, mais promis à un grand avenir. Lors de la classification des grands crus de 1855, Moulis semble comme oubliée, mise à l’écart du club des grandes communes viticoles. Il faut dire qu’en 1855 Moulis demeurait toujours à l’écart des grandes routes et que le chemin de fer n’était pas encore venu à ses portes. Le 30 juin 1870, la gare de Moulis-Listrac est inaugurée, puis la Société des Entrepôts de Moulis s’installe avec ses vastes chais d’une capacité de 2 000 tonneaux et 250 000 bouteilles. En 1876, sur Moulis, les vignes ont largement supplanté les grains avec 1 120 hectares contre 100 seulement pour les terres labourables. En pleine Grande Crise, l’AOC Moulis se constitue dans les années 1930 sous l’égide du syndicat viticole. Moulis s’affirme alors en figurant parmi les prestigieuses appellations communales du Médoc en compagnie de Margaux, Pauillac, St. Julien, St. Estèphe et Listrac. Après la guerre, lors de la renaissance des vignobles médocains, dans le classement de l’INAO de 1961, non appliqué par la suite, une poignée de ses crus rejoindront les grands crus classés. A cette époque, bien des grands crus de Margaux et d’ailleurs avaient sombré lors de la grande crise, marques et vignobles, ou bien avaient souffert des gelées de 1956. Grâce à cette renaissance viticole précoce et à la ténacité de ses vignerons, l’AOC Moulis présente aujourd’hui une large palette de vins bien représentative de la diversité de ses terroirs.